Elections : En attendant la fin de l’enrôlement

Publié le par Abou Mélika

Les choses bougent certainement aujourd’hui dans le sens de l’organisation prochaine des élections municipales et législatives. Ceux qui pensent que tout est lié, dans les faits, à l’avancement des opérations d’enrôlement pour l’établissement d’un état-civil fiable n’ont pas tout à fait tort. En effet, c’est depuis l’injonction donnée par le président Aziz pour que l’on accélère le processus, en généralisant le recensement à tous les centres de moughataa, que les choses ont commencé à se préciser.

Il y a peu, les chiffres donnés par l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisé (ANRPTS) sont éloquents à ce sujet : 1.000.000 de mauritaniens recensés et 700.000 cartes d’identité établies ! Pas mal du tout, par rapport à la lenteur des débuts d’une opération lancée dans l’improvisation la plus totale et voulue, dit-on, par certains pour « éliminer » au passage une partie des populations de ce pays.  Mais c’est encore peu pour envisager d’organiser des élections avec les nouveaux documents censés garantir une réelle transparence du scrutin.

Si d’aucuns considèrent que cette question de l’état-civil ne pourrait plus constituer, d’ici fin 2012, début 2013, le véritable handicap pour l’organisation d’élections dont le retard commence à peser, il reste à savoir aussi comment faire pour que les partis de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) ne maintiennent pas leur position de refus de dialogue et même de participation à une opération qu’ils ont raté déjà en amont. Les initiatives qui voient le jour aujourd’hui (celle du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, et d’autres personnalités indépendantes) pourraient bien n’être qu’une tentative de prévenir  un très probable boycott, qui ôterait aux élections municipales et législatives prévues, leur crédibilité, tant sur le plan national qu’international. Certes, les partis de la Convention pour une Alternance Pacifique (CAP) sont suffisamment outillés pour affronter au cours de ces élections une majorité dont n’émerge, pour le moment, que l’Union pour la République (UPR) mais l’absence de la COD sera ressentie comme lors de la tentative d’organiser une présidentielle un certain 6/6/2008 !

C’est aussi dans ce cadre qu’il faut situer l’arrivée prochaine de responsables de l’Union européenne venus s’enquérir de la situation politique en Mauritanie. La crise qui dure n’est pas faite pour arranger le rôle que Nouakchott pourrait jouer dans la recherche d’une solution au conflit malien et, d’une manière générale, à la stabilité recherchée dans l’ensemble de la zone sahélo-saharienne.

Le changement de régime en France est de nature à faciliter le rapprochement des positions à Nouakchott. Ami des socialistes, l’opposition mauritanienne ne doit pas pourtant oublier que Paris compte beaucoup sur le président Aziz dans la stratégie qu’elle mène au Sahel. La France tentera, de manière habile, de « ménager la chèvre et le chou », comme on dit. Une médiation pour que chaque partie lâche du lest pourrait même avoir déjà commencé mais sous le sceau du secret, car, dans ce genre d’affaire, les meilleures armes ne sont pas celles qu’on utilise au grand jour.

Publié dans Politique

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