Mauritanie – Sénégal : Relancer la coopération

Publié le par Abou Mélika

Le président sénégalais Macky Sall est depuis hier en visite officielle en Mauritanie. Une visite qui était prévue, il y a un mois, à la fin du mois béni de Ramadan, mais que le nouveau président sénégalais a dû différer, pris qu’il était par l’engrenage social suscité par le problème des inondations et la suppression du Sénat, qui continuent encore à alimenter la polémique chez nos voisins du sud. Ce qui compte aujourd’hui c’est de mettre à profit cette visite de 48 heures pour relancer la coopération entre les deux pays mais, surtout, discuter des questions qui fâchent.

Avec le Sénégal, deux aspects de ces relations doivent être prioritaires : les accords de pêche qui permettent à des milliers de Sénégalais de travailler en Mauritanie dans un secteur stratégique pour l’économie du pays, et la libre circulation des biens et des personnes entre les deux Etats.

Si pour le premier aspect, Nouakchott et Dakar ont toujours réussi à trouver la solution évitant d’en arriver à la rupture, pour le second, les choses qui allaient de complications en complications, ont peut être aussi trouvé un début de solution, avec la décision prise par Nouakchott d’assurer la gratuité de l’enrôlement pour tous les étrangers vivant sur son sol. 

Reste que la décision de ne plus permettre aux camionneurs des deux pays de travailler librement dans les deux sens, et qui a été durement ressentie par les échanges commerciaux entre les deux Etats, constitue un sérieux problème qu’il faut regarder en face. Même si, du côté de la Mauritanie, on n’a fait que répondre par la réciproque à une mesure prise en son temps par le gouvernement de Wade soumis à une forte pression de précampagne présidentielle qui l’a poussé à commettre des erreurs qui lui ont été finalement fatales. 

On espère pourtant que les deux chefs d’Etat vont vite agir pour que cesse cette situation insolite que l’on remarque d’un côté comme de l’autre du fleuve constituant la frontière naturelle entre la Mauritanie et le Sénégal. Du côté de ce dernier, dès le débarquement du bac (de Rosso), on remarque ce changement notoire : Une barrière qui interdit aux voyageurs mauritaniens de fouler le sol Sénégalais sans montrer d’abord la preuve qu’ils sont en règle. Le système de filtrage est maintenant à l’identique de ce qui se passe depuis toujours du côté de la Mauritanie. A l’enregistrement, les formalités restent les mêmes mais c’est au niveau aussi de la gare routière que l’on peut sentir une sorte d’agacement, quand les policiers du poste de contrôle vous ordonnent de montrer « patte blanche », à savoir exhiber au vu et au su de tout le monde que vous êtes bien munis de vos 50 euros exigés pour tout voyageur étranger entrant au Sénégal. Le même manège se répétera également au poste de gendarmerie, un corps qui, habituellement, pose moins de tracasserie aux voyageurs. C’est ici les signes précurseurs d’une montée en flèche d’une tension qui pourrait bien aller beaucoup plus loin, si la mesure prise par la Mauritanie d’instaurer le titre de séjour est appliquée. Certes, gouvernement a le droit de rechercher le meilleur moyen de gérer les affaires publiques, qui ne s’arrêtent pas seulement à des questions liées aux citoyens eux-mêmes, notamment dans le domaine de la sécurité et de l’emploi. Mais il faut aussi tenir compte de la réaction des autres. Tout simplement.

Sneiba

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Publié dans Africaines

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