Suicides, infanticides, meurtres : L’Etat est-il responsable ?

Publié le par Abou Mélika

Incontestablement, la recrudescence des cas de suicides (dont plusieurs par immolation par le feu), les meurtres horribles, que la presse rapporte chaque jour et, cas d’infanticides sortant de l’ordinaire, comme ce père qui met fin d’un seul coup à la vie de ses quatre enfants, ou cette jeune femme qui, à Tintane, jette dans un puits deux bébés, interpellent plus d’un en Mauritanie. La question qui est posée, sans trouver de réponse à sa juste mesure est : à qui incombe la responsabilité de telles dérives qui sont à la fois contraires à l’Islam mais aussi aux us et coutumes d’un peuple qui, jusqu’à récemment encore, était l’exemple de la tolérance, de la mesure et du sens de la responsabilité et du respect de la personne humaine.

D’aucuns considèrent que c’est la détérioration sans précédent des conditions de vie des populations qui poussent certains à de tels actes de désespoirs. On se rappelle, qu’au summum de la crise politique, en 2009, Yacoub Ould Dahoud s’était immolé par le feu, dans sa voiture, devant le Sénat et à quelques encablures de la Présidence. Alors que tous les mauritaniens s’étaient émus de cet acte qui rappelait celui de Bouaziz, ayant déclenché la révolte en Tunisie, et provoqué en un mois la chute de Ben Ali, Ould Abdel Aziz s’était exprimé, à la légère, sur un tel fait, disant que Ould Dahoud faisait partie de la bourgeoisie qui avait perdu ses privilèges ! la même attitude de relâchement allait aussi s’afficher, quand un deuxième citoyen, enseignant de son état, et donc faisant partie cette fois-ci de ce que l’on peut appeler la classe moyenne, accomplit le même geste de désespoir. Ni les bavures des forces de sécurités, à Maghama, Kaédi, Nouakchott et à Akjoujt, ni le malaise grandissant au sein de la société ne vont ouvrir les yeux à un pouvoir qui ne voit pas que sa responsabilité est pourtant engagée. Et qu’il doit se poser, au moins, cette question : pourquoi maintenant seulement ? Pourquoi, subitement, des jeunes se mettent à attenter à leur vie ou à celle des autres ? 

Au lieu de se poser cette question, qui appelle une réponse urgence à ce qui est devenu le « mal de l’ère Aziz », l’on préfère parler de chiffres, de croissance, de réserves en devises, de développement qui n’a aucun impact sur la vie des populations. En fait, continuer dans cette fuite en avant qui est devenu, en réalité, la manière de gouverner de celui qui prétend être « le président des pauvres ».

Publié dans Mauritaniennes

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