Rosso : L’opposition favorable au dialogue persiste et signe

Publié le par Abou Mélika

Rosso.jpgL’opposition favorable au dialogue avec le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz a achevé, une série marathon de meetings d’explication des résultats des discussions avec la Majorité, par un imposant meeting à Rosso où les partisans de l’Alliance populaire progressiste (APP), d’Al Wiam, de Hamam et de Sawab étaient venus en grand nombre. Comme pour signifier que la donne dans la capitale du Trarza est en train de changer, après cinq ans d’ébullitions politiques qui ont fini par bouleverser les données géopolitiques de toute la wilaya. 


Ainsi, au cours de ce meeting, où les leaders locaux (Sow Mohamed Deïna, ancien baron du PRDS et de l’UPR qui a rejoint les rangs d’Al Wiam, Sidi Ould Massadoud, chef incontesté de l’APP, au niveau du Trarza, et son gendre Sidi Diarra, jeune homme d’affaires qui a atterri, il y a quelques jours, dans le parti de Boidiel) ont battu le rappel de leurs troupes, l’opposition participationniste n’a pas dérogé à la règle : le dialogue était nécessaire pour sortir la Mauritanie de la crise, mais surtout, lui éviter les dérapages de ce qui est communément appelé « le printemps » ou « révolutions » arabes. Tous les leaders de l’opposition « participationniste » ne manqueront pas de souligner ce fait, important à leurs yeux, en égratignant au passage « l’autre opposition » qui devient, dans la bouche de Boidiel Ould Houmeid, la « Coordination » !

Cependant, le président de l’APP et de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir et ses amis (Boidiel, le colonel à la retraite Mohamed Ould Sid’Ahmed Lakhal, Abdesselam Ould Babana), même s’ils privilégient maintenant une réponse « circonstanciée » aux critiques de la COD, veulent s’afficher – aussi – comme de véritables opposants au régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. Une opposition qui part du principe que le pouvoir actuel a failli dans plusieurs domaines et ne réussit pas à instaurer une politique économique et sociale à l’efficience éprouvée. Ould Lekhal ne manquera pas d’ailleurs de le souligner, en fustigeant la politique de l’habitat (à Rosso et à Nouakchott) avec le déguerpissement de populations, qui abandonnent des maisons construites avec maints efforts, pour venir occuper des terrains où il n’y a ni eau ni électricité ! Les mêmes critiques vont également au nouveau plan d’urgence (Espoir 2012) qui n’est, en fait, que le prolongement de celui, complètement ratée, selon l’opposition « participationniste », de « Solidarité 2011 ». Les quelque 45 milliards d’ouguiyas que le gouvernement s’apprête à engager dans cette opération n’ont pas d’impact réel sur la vie de populations qui, pour la plupart, boudent les boutiques « Tadamoun » à cause de la précarité des procédures de vente au détail et «le temps d’attente » que les pauvres - et moins pauvres – ciblés par cette opération mettent avant d’être servis !

Il faut aussi dire que Messaoud Ould Boulkheir et Boidiel Ould Houmeid, qui n’ont pas renoncé à la contre-attaque bien pensée pour « démonter » les arguments de la COD, ont également adressé un message on ne peut plus clair à Ould Abdel Aziz. Le président de l’Assemblée nationale s’oppose farouchement à tout acte (printemps ou « révolution ») de nature à entraîner la Mauritanie dans la noria des troubles sociaux, mais il somme également Ould Abdel Aziz à agir dans le bons sens des réformes nécessaires. « Nous t’avons prémuni contre les « révolutions », dira le président de l’Assemblée nationale, mais nous te rappelons que beaucoup des agissements répréhensibles, dans le passé, continuent encore aujourd’hui » !

 

En ordre de bataille pour les futures élections


Mais cette polémique autour du dialogue et de ses résultats ne doit pas faire oublier d’autres enjeux plus importants : la bataille des élections municipales et législatives à venir.

Pour les futures échéances, une coalition entre l’APP et Al Wiam n’est pas à exclure, notamment avec l’entrée en lice du jeune Sidi Diarra qui, très probablement, sera adoubé par la formation de Boidiel Ould Houmeid pour le fauteuil de maire de Rosso. Des informations recueillies sur place confirment cette donne, avec la non candidature du leader local de l’APP, Sidi Ould Messaoud, également beau-père de Sidi Diarra, qui vient de quitter l’UPR, avec armes et partisans, pour atterrir chez Boidiel.

Il faut, certainement aussi, compter avec le retour de l’ancien maire, député et ministre Sow Mohamed Deyna, qui est maintenant à Al Wiam dans ce qui semble être une alliance de raison avec Boidiel contre la paire Mohcen Ould El Haj (vice-président du Sénat) et Mohamed Ould Boilli, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation. Deux fortes personnalités certes du Trarza mais qui peuvent bien être desservies par les dissensions internes au sein de l’Union pour la République (UPR). Le camp du sénateur de Rosso est en conflit ouvert avec celui du député Ould Moutalli, de l’actuel maire de la ville Fassa Yérim et de l’ancien député Slama Ould Moine. Les candidatures indépendantes n’étant plus à l’ordre du jour, amendements constitutionnels issus du dialogue obligent, il faudra bien que le parti au pouvoir procède, au plus vite, à une « réconciliation » entre tendances rivales s’il veut éviter d’en arriver à de douloureux arbitrages qui risquent de lui faire perdre des soutiens importants. Au grand bonheur du duo fort du moment Messaoud – Boidiel.

Sneiba Mohamed

Publié dans Politique

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S
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