Les jeunes à l’école de l’opportunisme politique

Publié le par Abou Mélika

Les jeunes ont encore remisé ça ! Toujours en quête du bon angle d’attaque pour réussir la meilleure passe de trois et mettre en place leur formation politique, ils peinent encore à accorder leurs violons pour jouer une même partition. Celle qui leur a réussi très bien, trois mois après avoir pensé à mettre en pratique le fameux appel au « renouvellement de la classe politique ». Sans suite après dans les idées ! Ils sont en train de faire vivre à leur formation en gestation les mêmes troubles, les mêmes tiraillements que ceux qui agitent les partis de leurs aînés ! Et rien n’y fut : l’attaque sur plusieurs fronts : génération du futur « Al Gadh », parti « Asr », coordination de la jeunesse du 25 février, dont on ne sait plus de quel côté elle se situe, c’est vraiment la course aux privilèges ! Même si, dans ce qui ressemble fort bien à un réel apprentissage de l’opportunisme politique (appris à l’école des « Grands »), les jeunes ne rassurent pas quant à l’avenir de la Mauritanie. Le décalage n’est-il pas flagrant entre la volonté de CHANGER en bien et le désir ardent de PARVENIR ?

On se rappelle que tout est parti il y a trois mois d’un simple déclic, dans la foulée des manifestations des jeunes ici et ailleurs. IL s’agit à la fois d’une façon de conjurer le sort et de « récupération ».

 Et l’on peut dire, sans risques de se tromper, que les jeunes qui disent soutenir le président de la République, font déjà fausse route ! L’empressement qu’ils mettent à se lancer dans la politique, par le biais de la mise en place de formations dont le seul objectif est de leur servir de rampe de lancement, dénote de cette culture de l’opportunisme qui constitue une sorte de lieu commun entre les Anciens et les Modernes (les jeunes). Et le président Ould Abdel Aziz, qui était peut-être de bonne foi, quand il a avalisé la création d’UN parti pour les jeunes, pensé comme un moyen, parmi d’autres, de les impliquer encore plus dans la gestion des affaires de l’Etat, a ici la preuve par quatre que ces jeunes-là ont déjà les idées de leurs aînés. A savoir que tous les moyens sont bons pour réussir !

Ce n’est pas étonnant quand on sait que rien n’a été fait, depuis l’indépendance de la Mauritanie, pour instaurer un système d’ascension sociale qui ne soit pas celui de « la réussite par l’héritage ». Tout a été fait, depuis que la Mauritanie existe en tant qu’Etat moderne, à l’image de ce qui existait déjà dans les tribus et les chefferies traditionnelles. Le droit d’une succession politique et sociale assuré « aux âmes bien nées » implique, de facto, une sorte de statuquo ante qui ne laisse que peu de place à ceux qui cherchent à mettre en avant leurs compétences et réclamer que le pouvoir ne soit plus une affaire de privilèges et de prééminence sociale.

C’est d’ailleurs ce que la course aux honneurs a toujours démontré. Qu’il s’agit de l’élite politico-sociale décadente ou de celle qui cherche à la remplacer par tous les moyens.

C’est également pour cette raison que l’on est en mesure de penser aujourd’hui que le pouvoir pourrait revenir sur sa décision de favoriser un parti pour les jeunes. Ceux-ci ne se sont-ils pas dénoncés trop vite en dévoilant ce qui se cache réellement derrière leur intention d’être mieux impliqués dans la gestion des affaires publiques ? Il ne s’agit, comme l’a montré la précipitation à foncer tête baissée des jeunes pour être le premier à mettre en application la volonté présidentielle, que de cet opportunisme héréditaire chez les Mauritaniens.

Ainsi nonobstant le « paternalisme » politique (protectionnisme) dont les Anciens ont déjà fait preuve pour ne pas avoir à céder à la pression des jeunes, on peut s’attendre à ce que le phénomène « un parti pour les jeunes » ne soit, finalement, qu’un coup d’essai. Il aura servi de démontrer à l’opinion publique nationale qu’un mauritanien, jeune ou vieux, a la politique dans le sang. Mais surtout qu’il est prêt à tout pour arriver à ses fins.

Sneiba

 

Publié dans Politique

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