DEUX SUICIDES SOUS AZIZ : C’EST QUAND MEME TROP !

Publié le par Abou Mélika

Deux jeunes qui s’immolent par le feu, à un an d’intervalle, à quelques dizaines de mètres de la Présidence de la République, cela doit pousser les autorités à réagir. Ne serai-ce qu’en s’interrogeant sur le malaise profond qui, en dehors de la crise politique que traverse le pays depuis bientôt trois ans, pousse des citoyens à crier leur désarroi à la manière du jeune Tunisien Bouazizi. Il est loisible pour le pouvoir et ses soutiens de toujours mettre de tels actes sur le compte d’agissements d’individus qui n’ont pas respecté une loi divine qui interdit el suicide ; ou encore, comme le fait le Premier ministre devant les députés, de dire que les manifestations sont l’expression d’une certaine liberté ! Quand la contestation sort du cadre des « empoignades » verbales entre le pouvoir et l’opposition, quand ce ne sont plus les manifestations de rue des étudiants, de TPMN (Touche pas à ma nationalité) ou d’IRA (Initiative pour la Résurgence d’un mouvement Abolitionniste en Mauritanie), de citoyens revenant de Libye ou de Cote d’Ivoire qui réclament une insertion dans la vie active dans leur pays, il y a lieu de s’inquiéter et de se demander : Quelles erreurs le pouvoir a-t-il commises pour pousser ces jeunes au suicide ? On sort ici, incontestablement, de la logique politique pour entrer dans la logique sociale qui a conduit aux évènements tragiques de Tunisie, d’Egypte et de Libye. Quand ce sont de simples citoyens qui contredisent les thèses du gouvernement, en mettant même fin à leurs vies, la politique et son jeu puéril n’a plus de place. La mort par immolation de deux jeunes mauritaniens doit interpeller le président Aziz et le pousser à se poser des questions sur sa gestion du pouvoir depuis trois ans. Et se demander, probablement, sur les raisons profondes d’un malaise grandissant alors que son entourage, les membres du gouvernement et le Directoire de l’Union pour la République (UPR) lui renvoient une image tout autre que celle de la réalité. Si au début de son pouvoir Aziz a bien incarné l’espoir d’un changement « constructif », parce que s’inscrivant dans la logique du moindre mal par rapport à ce que Taya a servi aux mauritaniens sur une période de vingt ans, il a trop vite brûlé toutes ses cartouches. Ou on l’a poussé, malicieusement, à agir dans la précipitation, voulant sans doute le mettre dans la situation embarrassante où il est actuellement. D’ailleurs, c’est ce qui découle des agissements d’une majorité présidentielle qui ne donne pratiquement plus aucun signe de vie. Aucun parti de cette « majorité » n’a plus d’avis sur les questions qui divisent aujourd’hui la classe politique nationale, à part l’Union pour la République, formation au pouvoir qui, en toute logique, défend ses acquis et privilèges, Adil, AJD/MR et MPR qui ont peut-être encore des atomes crochus avec quelques-unes des thèses défendues par l’opposition : Nécessité de prendre en compte les revendications de TPMN sur l’enrôlement, reconfiguration au sein même de cette majorité et, peut-être bien, reconsidération des « accords » qui ont poussé deux de ces partis de changer de camp. Tout ceci repose, encore une fois, la question du pourquoi d’un malaise devenu si apparent que les craintes d’un « printemps » mauritanien sont de plus en plus fortes. Sneiba

Publié dans Nouakchotteries

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