Cesser de voyager, agir vite

Publié le par Abou Mélika

sneibaa-copie-1.jpgLe voyage d’Aziz en Afrique du sud, pour assister à la commémoration du Centenaire de l’ANC (African national congress), parti au pouvoir depuis la chute de l’Apartheid, ça vous dit quelque chose ?

Franchement, rien du tout ! Au moment où les mauritaniens ont les regards et les préoccupations ailleurs, recevoir un émir, pour quelques heures, fût-il celui d’un bailleur bilatéral de la Mauritanie comme celui du Qatar, ou voir le Raïs parcourir des milliers de kilomètres pour assister à une festivité plus symbolique qu’utile, n’entrent pas dans le cadre de ce dont le pays a besoin pour sortir de la crise.

C’est un peu à l’image de ce qu’on disait, de ce que Ould Abdel Aziz lui-même disait, il y a trois ans, de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi : « toujours entre deux vols, en train de parcourir le monde alors que le pays es empêtré dans les problèmes » !

Et il faut dire que le président a maintenant du pain sur la planche ici et pas dans ces capitales où ses déplacements sont, de plus en plus, vus comme une manière d’aller se reposer du lourd climat qui pèse à Nouakchott. Des problèmes, rien que des problèmes, avec ce dialogue qui ne permet pas encore d’aller à l’essentiel, cette opposition qui, malgré sa faiblesse numérique au sein du Parlement, a plus de mordant qu’une majorité désorganisée, mais surtout, déçue par un pouvoir qui la néglige. Et pour couronner le tout, cette atmosphère de crise économique et sociale qui fait dire à certains que la Mauritanie est, très probablement, inscrite sur la liste des « printemps arabes », malgré l’assurance que se donnent ses dirigeants et l’homme de la rue, qui mise plus sur notre propension à ne pas « imiter les mauvais gestes » des autres plutôt que sur un bon bilan du gouvernement.

Cette situation on ne peut plus explosive doit pousser le président Aziz à réagir vite. Il ne s’agit plus maintenant de tenir des discours du genre : « nous avons réussi à redresser l’économie », en se basant sur des indicateurs de la Banque mondiale et du FMI, ou encore, « nous avons sécurisé nos frontières contre les incursions périodiques d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), mais de choisir le bon angle d’attaque pour faire face à deux impératifs : améliorer les conditions de vie des populations et trouver une issue à la crise politique actuelle.

Dans ce cadre, il faut bien que le gouvernement se remue. L’équipe du Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf est actuellement à court d’arguments, parce qu’elle n’arrive pas à sortir du piège des chiffres : trop de financements annoncés chaque jour que Dieu fait doivent se traduire par du concret dans l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens. Des projets qui enregistrent des retards conséquents ne sont pas le (bon) signe d’une action gouvernementale efficiente. Une majorité silencieuse, laissant le « sale boulot » à l’Union pour la République (UPR), quand il s’agit de défendre laborieusement le pouvoir avec des arguments « réchauffés » depuis l’arrivée d’Aziz au pouvoir. Voilà, quelques-uns des problèmes auxquels le raïs doit trouver des solutions. Tout le reste n’est que paroles de politiques qui n’aideront pas à faire revenir la confiance des premiers jours, quand on a vendu aux mauritaniens le label du « président des pauvres ».

Sneiba

Publié dans Humour

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